4 juin 2025
Me Guillaume Muyembe est un avocat congolais inscrit au Barreau de Kinshasa Gombe, spécialisé dans le droit minier. Le 29 avril 2025, il a été gardé en détention après une convocation du Conseil national de cyberdéfense de RDC. Ses proches et associés sont sans nouvelles depuis.
Me Muyembe a été convoqué au Conseil national de cyberdéfense, service spécialisé rattaché au Cabinet du Président de la République, pour être interrogé au sujet d’une cliente. D’après l’un de ses collaborateurs, il s’est présenté dans les locaux le 29 avril au soir. Il n’a plus donné de nouvelles depuis.
Le cabinet Calwe & associés dans lequel exerce Me Muyembe avait déjà fait l’objet de pressions dans la journée du 29 avril. Deux individus se sont en effet présentés dans les locaux, indiquant rechercher l’avocat. En l’absence de Me Muyembe, les individus sont repassés au cabinet plus tard dans la journée, accompagnés de militaires lourdement armés. 6 personnes travaillant au cabinet ont été emmenées dans les locaux du Conseil national de cyberdéfense et se sont vu confisquer leurs téléphones.
À leur retour au cabinet, les associés se sont aperçus que celui-ci avait été fouillé par les autorités, sans mandat de perquisition ni avocat ou membre du Conseil de l’ordre présent, et que des ordinateurs avaient été saisis.
L’Observatoire exige la libération immédiate et sans condition de Me Guillaume Muyembe ainsi que la cessation immédiate des intimidations à son encontre.
L’Observatoire condamne avec la plus grande fermeté les attaques à la liberté de la profession d’avocat et au secret professionnelles perpétrées par les autorités.
L’Observatoire exhorte les autorités congolaises à respecter pleinement les droits de la défense et à garantir la sécurité et l’indépendance des avocats dans l’exercice de leur mission.
L’Observatoire appelle les autorités congolaises à respecter ses engagements au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, notamment l’article 9, qui dispose que : « 1. Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n’est pour des motifs et conformément à la procédure prévus par la loi. 2. Tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui. » (Article 9 §1 et §2)
L’Observatoire rappelle que, conformément aux Principes de base des Nations Unies relatifs au rôle du barreau, en particulier les principes 16,17 et 18 :
« Les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats a) puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; (…) » (Principe 16)
« Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités. » (Principe 17)
« Les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause de leurs clients du fait de l’exercice de leurs fonctions. » (Principe 18)