« J’aimerais voir davantage d’extraditions du pays par la voie diplomatique pour ceux qui sont en danger »
28 février 2023
À l’arrivée des talibans au pouvoir, en raison de son travail d’avocat pénaliste et de défenseur des femmes victimes de violences sexistes, Hossain Haydari s’est vu arrêté et tous ses biens saisis. Pendant ses 16 semaines passées en prison, il a été torturé et maltraité. Après sa libération, il a réussi à fuir en Iran. Grâce au soutien de la Fundación Abogacía et de l’Observatoire international des avocats en danger, il vient d’arriver en Espagne, où il demandera l’asile et la protection internationale. Nous avons discuté avec lui de la situation complexe dans laquelle se trouve son pays et de l’état actuel de la Justice.
Comment se passe la pratique du droit en Afghanistan ?
Il n’y a pas de système judiciaire caractéristique d’un État de droit, et tout le pouvoir pour juger une affaire est entre les mains d’un juge, qui n’a aucune connaissance juridique. Les lois ont été abrogées et la profession d’avocat a diminué de 99%. Méprisés par les juges, les avocats ne peuvent plus exercer leur métier. Pour la plupart des infractions pénales reprochées, comme le vol, le meurtre, l’enlèvement, l’opposition politique ou la lutte armée, les inculpés n’ont pas droit à un avocat. Les talibans interdisent l’accès de la profession aux femmes.
Existe-t-il une organisation professionnelle d’avocats dans le pays ?
Après la prise du pouvoir par les talibans, la seule organisation légale pour les avocats de la défense (AIBA) a été dissoute. Ils ont créé un nouveau département pour réglementer la profession juridique sous l’autorité du ministère de la Justice, qui délivre des licences pour les avocats de la défense en fonction de sa propre idéologie. La plupart des personnes qui obtiennent ces licences sont des talibans.
Que peut faire la communauté internationale pour contribuer à changer la situation dans votre pays ?
Les talibans ont signé un traité avec les États-Unis à Doha (Qatar) pour apporter la paix en Afghanistan et ont fait de nombreuses promesses qu’ils ont maintenant oubliées. Malheureusement, ils ont la fausse croyance qu’ils ont conquis le pays et que les citoyens sont comme leurs esclaves. Cela conduira à de nouvelles guerres. Et nous ne devons pas oublier que les États-Unis financent le gouvernement taliban à hauteur de 40 millions de dollars par semaine, argent qui n’est pas consacré à l’aide à la population et à l’économie du pays, mais qui est utilisé pour la survie de leur propre système et la promotion de l’extrémisme et de l’obstruction. Les femmes vivent dans une situation terrible car elles sont considérées comme un objet sans droit à l’éducation, au travail ou au vote. Si le système de gouvernement actuel doit être réformé, il faut d’abord convaincre les talibans qu’un référendum est nécessaire pour déterminer leur système de gouvernement.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle phase en Espagne en tant que demandeur d’asile ?
Bien que je sois désormais à des milliers de kilomètres du danger de mort et de la menace des talibans, je suis privé de mes proches, qui se trouvent actuellement en Turquie. En outre, je m’inquiète pour leur vie et celle d’autres collègues, qui sont constamment menacés. J’aimerais voir davantage d’extraditions du pays par la voie diplomatique pour ceux qui sont en danger.
Source: https://www.abogacia.es/actualidad/entrevistas/hossain-haydari-abogado-afgano-hay-que-convencer-a-los-talibanes-de-que-es-necesario-un-referendum/