Bélarus : la Belarusian Association of Human Rights Lawyers déclarée « extrémiste » dans un contexte de répression croissante
Les autorités bélarusses ont qualifié la Belarusian Association of Human Rights Lawyers (Association biélorusse des avocats spécialisés dans les droits humains) (BAHRL) d’« organisation extrémiste », imposant ainsi de lourdes sanctions juridiques et intensifiant la pression sur la profession juridique.
Le 18 août 2025, le Comité de la sécurité d’État (KGB) a publié une décision[1] qualifiant la BAHRL de formation extrémiste, avec effet au 21 août 2025. Peu après, le ministère de l’Intérieur a ajouté l’association et six personnes — dont l’avocat Dmitri Laevski, qui n’a jamais été associé à la BAHRL et qui réside toujours au Bélarus — à la liste officielle des « entités et individus extrémistes ». En vertu de la législation bélarusse, la participation à une « formation extrémiste » est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.
Depuis les élections présidentielles de 2020, les avocats qui défendent des affaires politiquement sensibles ou dénoncent des abus sont victimes de radiations arbitraires, de sanctions administratives, de détentions et d’emprisonnements[2] . Cette situation a été mise en lumière lors de la Journée internationale des avocats en danger 2025, qui a mis l’accent sur la situation préoccupante des avocats en Biélorussie[3] .
La BAHRL a été fondée par des avocats bélarusses en exil qui ont été arbitrairement radiés du barreau en raison de leurs activités professionnelles. Cette désignation vise à réduire au silence les voix indépendantes et à empêcher la documentation des violations des droits humains.
L’Observatoire condamne la décision des autorités biélorusses de désigner la BAHRL comme une « formation extrémiste », en violation flagrante des obligations de la Biélorussie au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (articles 14, 19 et 22) et des Principes fondamentaux des Nations Unies relatifs au rôle du barreau, qui garantissent l’indépendance des avocats et leur droit d’exercer leurs fonctions professionnelles sans ingérence ni intimidation.
L’Observatoire se joint à l’appel lancé par Lawyers for Lawyers, l’IBAHRI et la Law Society of England and Wales[4] et exhorte les autorités biélorusses à :
- Révoquer immédiatement la désignation du BAHRL comme « formation extrémiste » ;
- Cesser d’utiliser abusivement la législation anti-extrémisme contre les avocats et comme moyen de pression et de répression contre les OSC et les voix dissidentes en général ;
- Veiller à ce qu’aucun avocat ne soit poursuivi ou puni pour avoir exercé ses fonctions professionnelles ou pour avoir légitimement exercé sa liberté d’expression, d’association ou de réunion ;
- De réfuter toute idée d’affiliation de Dmitri Laevski à la BAHRL et de veiller à ce qu’il ne fasse l’objet d’aucun harcèlement, arrestation ou autre représailles ;
- Respecter les obligations de la Biélorussie en vertu du droit international des droits de l’homme et créer un environnement propice permettant aux avocats d’exercer leur métier sans crainte de représailles.
[1] Décision n° 3/3-1962
[2] Kruope, A. (29 août 2025). Belarus intensifies crackdown on human rights lawyers. Human Rights Watch. https://www.hrw.org/news/2025/08/29/belarus-intensifies-crackdown-on-human-rights-lawyers
[3] Voir la campagne de l’OIAD pour la Journée internationale des avocats en danger 2025 axée sur la Biélorussie : https://protect-lawyers.org/en/2025-belarus/
[4] Lawyers for Lawyers. (10 septembre 2025). Concerns about the designation of lawyers association as an “extremist formation”. https://www.lawyersforlawyers.org/concerns-about-the-designation-of-lawyers-association-as-an-extremist-formation/