Ivania Cruz et Rudy Joya

El Salvador

ALERTE 01/12/2025
ALERTE 18/08/2025

 

EL SALVADOR : Suppression des « notices rouges » d’INTERPOL contre Ivania Cruz et Rudy Joya après l’intervention de l’OIAD

1er décembre 2025

 

L’OIAD, avec le soutien bénévole de l’avocat Pedro Andújar, a officiellement demandé à INTERPOL de retirer les notices rouges émises contre les avocats Ivania Cruz et Rudy Joya. INTERPOL a accédé à cette demande et a procédé à la suppression des notices rouges, après avoir constaté que leur émission violait l’article 3 de ses statuts, qui interdit « toute activité ou intervention dans des questions ou affaires de nature politique, militaire, religieuse ou raciale ».

En août 2025, l’OIAD avait alerté sur la criminalisation et le harcèlement des deux avocats, ainsi que sur l’émission des notices rouges par INTERPOL, après qu’ils aient été déclarés rebelles dans le cadre de l’affaire connue sous le nom de « La Floresta »[1].

En septembre 2025, Rudy Joya a été convoqué par la police espagnole au sujet de sa demande d’asile en Espagne. Lorsqu’il s’est présenté devant les autorités, il a été arrêté et déféré devant l’Audiencia Nacional. Ivania Cruz a également comparu devant l’Audiencia Nacional, qui a prononcé des mesures conservatoires à l’encontre des deux avocat.e.s, sommés de se présenter tous les 15 jours pour signature, remettre leur passeport, ne pas quitter le pays et signaler tout changement d’adresse.

Divers mécanismes des Nations unies ont récemment dénoncé les notices rouges contre Cruz et Joya comme un acte de répression transnationale et une instrumentalisation du système de coopération policière internationale à des fins politiques[2]

La révocation des notices rouges par INTERPOL constitue une reconnaissance explicite du fait que le mécanisme avait été utilisé à des fins politiques, en violation de l’article 3 de son Statut, et représente une avancée significative pour la protection des avocats spécialisés dans la défense des droits humains qui font l’objet de persécutions en raison de leur travail professionnel.

L’OIAD appelle les autorités salvadoriennes à mettre fin à toute persécution à l’encontre d’Ivania Cruz et Rudy Joya, ainsi que d’autres professionnel.le.s du droit salvadorien.ne.s.

L’OIAD appelle les instances nationales et internationales à veiller à ce que les mécanismes de coopération policière, tels qu’INTERPOL, ne soient pas utilisés pour persécuter arbitrairement les défenseurs des droits humains.

 

[1] Alerte OIAD, 18 août 2025 : Ivania Cruz et Rudy Joya – OIAD

[2] Les notifications d’Interpol contre des militants salvadoriens constituent un acte de répression transnationale | Actualités ONU

 

El Salvador : Criminalisation et harcèlement des avocats Ivania Cruz et Rudy Joya

18 août 2025

 

Les avocats Ivania Cruz et Rudy Joya sont confrontés à une criminalisation alarmante de la part de l’État salvadorien. Tous deux sont membres de l’Unidad de Defensa de Derechos Humanos y Comunitarios (UNIDEHC – Unité de défense des droits humains et communautaires) et ont activement documenté des violations et fourni une assistance juridique aux personnes détenues dans le cadre du régime d’urgence, en vigueur depuis mars 2022 au Salvador.

Le 25 février 2025, les autorités avaient effectué une descente violente et irrégulière au domicile d’Ivania Cruz, qui se trouvait en Espagne pour participer à des actions internationales de défense des droits humains.

Au cours de la perquisition, les procureurs et les policiers ont forcé la porte d’entrée, sans présenter de mandat avant l’arrivée d’un avocat. Seule la mère de Cruz, une personne âgée souffrant de problèmes de santé, se trouvait dans la maison. Les agents ont volé un coffre-fort contenant des documents privés appartenant au frère de l’avocate.

Le même jour, le bureau du procureur général de la République du Salvador a émis des mandats d’arrêt contre les avocats Ivania Cruz et Rudy Joya, tous deux se trouvant à l’étranger.

Ces procédures pénales s’inscrivent dans le cadre de l’affaire dite « La Floresta », qui a été qualifiée par diverses organisations nationales et internationales de montage judiciaire visant les porte-parole de l’UNIDEHC. Dans le cadre de cette affaire, Fidel Zavala, membre de l’UNIDEHC, et 24 leaders communautaires qu’il représentait sont actuellement détenus de manière injustifiée.

Rudy Joya a également été surveillé et menacé en lien avec la procédure judiciaire en cours, ce qui a créé un climat d’intimidation et de risque pour son intégrité personnelle et sa liberté.

En juillet 2025, des notices rouges ont été émises par INTERPOL concernant Ivania Cruz et Rudy Joya.

Ces événements se déroulent dans un contexte d’hostilité croissante de l’État à l’égard des organisations et des professionnels de la justice qui défendent les droits humains au Salvador. L’approbation récente de la Loi sur les agents étrangers, promue par le président Nayib Bukele, impose des restrictions sévères aux organisations qui reçoivent des fonds de l’étranger. Plusieurs voix nationales et internationales – dont la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) [1] et Amnesty International[2] – ont averti que cette loi pourrait être utilisée comme un instrument pour réduire la société civile au silence.

La criminalisation d’Ivania Cruz et de Rudy Joya s’ajoute à d’autres cas précédemment dénoncés par l’Observatoire international des avocats en danger, tels que la détention de Ruth López[3], d’Alejandro Henríquez[4] et d’Enrique Anaya[5] et représente un nouveau jalon dans l’offensive de l’État salvadorien contre ceux qui défendent les droits fondamentaux, en particulier dans des contextes de grande vulnérabilité tels que le régime d’exception.

L’Observatoire maintient sa ferme condamnation du harcèlement persistant de la profession juridique salvadorienne engagée dans la défense des droits humains.

L’Observatoire demande aux autorités salvadoriennes d’annuler immédiatement les mandats d’arrêt contre Ivania Cruz et Rudy Joya et de cesser toute poursuite pénale à leur encontre.

L’Observatoire exhorte les autorités salvadoriennes à mettre fin à toute forme de harcèlement, d’intimidation ou de violence à l’encontre des avocats et des défenseurs des droits de l’Homme dans l’exercice de leurs fonctions, conformément aux Principes de base des Nations Unies relatifs au rôle du barreau.

 

[1]https://www.oas.org/pt/CIDH/jsForm/?File=/es/cidh/prensa/comunicados/2025/115.asp&utm_content=country-slv&utm_term=class-mon

[2] https://www.amnesty.org/es/documents/amr29/9100/2025/es/

[3] https://protect-lawyers.org/es/case/ruth-lopez/

[4] https://protect-lawyers.org/es/case/alejandro-henriquez/

[5] https://protect-lawyers.org/case/enrique-anaya/

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