ZIMBABWE : Deux avocats arrêtés pour obstruction à la justice
18 octobre 2023
Le 4 septembre 2023, Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi, avocats spécialisés dans les droits humains au Zimbabwe, ont été arrêtés par les autorités zimbabwéennes à Harare pour « obstruction à la justice ». Leur arrestation fait suite à la notification à la police de tortures subies par leurs clients.
Connus pour leur engagement en faveur de la démocratie et des droits humains au Zimbabwe, Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi étaient les avocats de Womberaishe Nhende et Sanele Mkhuhlani, membres du parti politique de l’opposition Citizens Coalition for Change (CCC).
Les avocats avaient communiqué aux autorités policières que leurs clients étaient dans un état de santé préoccupant, nécessitant des soins médicaux en raison des actes de torture qu’ils avaient subis. Suite à cette information, Me Coltart et Me Muchineripi ont été interpellés par les autorités.
Les défenseurs des droits humains ont été libérés sous caution le 5 septembre 2023 et ordonnés de se présenter au commissariat de Harare une fois par semaine. Leur arrestation a suscité une vive indignation de la part des organisations de défense des défenseurs des droits humains[1].
Selon l’ONG Lawyers for Lawyers et l’International Bar Association’s Human Rights Institute, les avocats défenseurs des droits humains sont particulièrement ciblés dans le contexte des élections au Zimbabwe. En effet, Me Obey Shava, avocat des droits humains, a également été agressé en juillet 2023. Les cas de menaces à l’encontre des avocats des droits de l’homme ne sont donc pas isolés et démontrent la répression à leur égard du fait de l’exercice de leur profession.
Les représentants des défenseurs des droits de l’homme ont indiqué que les arrestations de Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi étaient une atteinte à la profession d’avocat et à son indépendance.
L’Observatoire est préoccupé par l’augmentation des poursuites à l’encontre des avocats des droits de l’homme au Zimbabwe.
L’Observatoire condamne les atteintes à l’exercice de la profession des avocats par les autorités zimbabwéennes.
L’Observatoire appelle les autorités zimbabwéennes à respecter toutes les garanties d’un procès équitable dans les affaires contre Doug Coltart et Tapiwa Muchineripi.
L’Observatoire rappelle que, conformément aux dispositions des Principes des Nations Unies relatifs au rôle du Barreau, en particulier les principes 16, 17, 18 et 27 :
Principe 16 : « Les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats a) puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; b) puissent voyager et consulter leurs clients librement, dans le pays comme à l’étranger; et c) ne fassent pas l’objet, ni ne soient menacés de poursuites ou de sanctions économiques ou autres pour toutes mesures prises conformément à leurs obligations et normes professionnelles reconnues et à leur déontologie. »
Principe 17 : « Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités. »
Principe 18 : « Les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause de leurs clients du fait de l’exercice de leurs fonctions. »
Principe 27 : « Les accusations ou plaintes portées contre des avocats dans l’exercice de leurs fonctions sont examinées avec diligence et équité selon les procédures appropriées. Tout avocat a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et peut être assisté par un avocat de son choix. »
[1] Lawyers for Lawyers & International Bar Association’s Human Rights Institute, “L4L and IBAHRI Statement on the arrest of Zimbabwean human rights lawyers Douglas Coltart and Tapiwa Muchineripi”, disponible en ligne.