VENEZUELA : L’avocat spécialiste des droits humains Perkins Rocha Contreras détenu
29 novembre 2024
Perkins Rocha Contreras est coordinateur juridique du parti Vente Venezuela et représentant du Comando Venezuela auprès du Conseil national électoral. Il est avocat et conseiller personnel de María Corina Machado (coordinatrice nationale du parti Vente Venezuela).
Il est également le porte-parole de la plateforme Comando Venezuela dans le cadre des dénonciations de fraude que l’opposition vénézuélienne effectue depuis le 28 juillet 2024. Ces dénonciations ont eu un impact considérable sur la société vénézuélienne et la communauté internationale, attirant l’attention des médias et augmentant la visibilité de son profil public.
Le 27 août 2024 au matin, Me Rocha a été arrêté après une altercation avec des agents cagoulés et prétendument armés, sortis de plusieurs camionnettes qui se sont présentées au magasin où il faisait ses courses. Depuis lors, il est détenu dans le bâtiment « el Helicoide » appartenant au Service national de renseignement bolivarien, sans que son avocat ou sa famille ne puissent communiquer avec lui. Les faits de son arrestation ont été constatés par trois témoins qui ont attesté de la violence de l’arrestation. En effet, Perkins Rocha a été traîné par le cou sur le sol et violemment monté, après avoir reçu de multiples coups, dans l’un des véhicules des hommes cagoulés. En outre, la famille dénonce le fait que cette arrestation a été effectuée en l’absence de mandat d’arrêt.
Dans la nuit du 27 août 2024, l’appartement de l’avocat a été perquisitionné par des personnes non identifiées. Aucun mandat de perquisition n’aurait été délivré. Du matériel électronique, des livres, des documents, des écrits et des ordinateurs ont été saisis. La famille considère qu’il s’agit d’une « invasion » et d’un vol, car elle affirme qu’ils sont entrés avec les propres clés de Perkins Rocha.
Le 28 août 2024, l’épouse de Perkins Rocha et son avocat se sont rendus au siège du Service national de renseignement bolivarien (SEBIN) situé à El Helicoide à Caracas, car des informations avaient été diffusées sur les réseaux sociaux concernant un transfert présumé de M. Rocha vers ce lieu. Les fonctionnaires du SEBIN ont indiqué que, par ordre supérieur, à partir du 27 août 2024, il leur était interdit de donner des informations sur les personnes disparues ou détenues qui se trouvaient dans cet organisme. Par la suite, l’épouse de Perkins Rocha et son avocat se sont rendus au siège de la police nationale bolivarienne, qui leur a indiqué qu’il ne s’y trouvait pas non plus. L’épouse a informé qu’elle se rendrait le 29 août 2024 au bureau du procureur général et au bureau du médiateur pour dénoncer la détention de Perkins Rocha.
Très tôt le 29 août, l’avocat commis d’office par le gouvernement vénézuélien a informé son épouse par SMS que l’avocat Perkins Rocha était en détention pour incitation à la haine, terrorisme, trahison, conspiration et association de malfaiteurs.
Perkins Rocha est actuellement détenu au secret dans les locaux du SEBIN, sans possibilité de choisir un avocat privé pour participer aux procédures judiciaires qui se déroulent par voie télématique et sans avoir accès au dossier du procès ni à des rapports sur son état de santé. Ces conditions de détention au secret total l’ont également empêché de recevoir des visites de membres de sa famille ou des appels téléphoniques.
L’Observatoire condamne fermement la détention arbitraire de l’avocat Perkins Rocha Contreras et appelle les autorités vénézuéliennes à le libérer immédiatement et sans conditions.
L’Observatoire appelle les autorités vénézuéliennes à respecter les garanties de détention, en particulier celles qui assurent la santé et le bien-être de l’avocat Perkins Rocha Contreras.
L’Observatoire est préoccupé par ces actes d’intimidation qui mettent en péril l’exercice libre et indépendant du droit, ainsi que l’accès effectif à la justice des victimes.
Face à cette situation, l’Observatoire rappelle que l’indépendance de la profession d’avocat est l’un des principaux indicateurs de la santé démocratique et de la consolidation de l’État de droit. Ceci est conforme aux dispositions des Principes des Nations Unies relatifs au rôle du barreau et en particulier les Principes 16, 17 et 18 qui énoncent ce qui suit :
« Les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats a) puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; b) puissent voyager et consulter leurs clients librement, dans le pays comme à l’étranger; (…). » (Principe 16)
« Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités. » (Principe 17)
« Les avocats ne doivent pas être assimilés à leurs clients ou à la cause de leurs clients du fait de l’exercice de leurs fonctions. » (Principe 18)