PHILIPPINES / Présentation du rapport “Black Robes, Red Targets” à La Haye

PHILIPPINES / Présentation du rapport “Black Robes, Red Targets” à La Haye

LA HAYE, le 4 juin 2025 – La Caravane Philippine – une mission internationale d’enquête menée par une coalition de dix organisations juridiques, dont l’Observatoire International des Avocats en Danger – a présenté son rapport intitulé « Black Robes, Red Targets », qui révèle de graves violations des droits humains commises contre des professionnels du droit aux Philippines entre 2016 et 2023.

Ce rapport percutant documente un schéma alarmant d’exécutions extrajudiciaires, d’accusations infondées de sympathies communistes (red-tagging), de menaces et d’utilisation abusive du système judiciaire (lawfare) visant des avocats, juges et procureurs – simplement pour avoir exercé leur profession.

En juin 2024, la Caravane Philippine a réuni douze avocats de différents pays, dans le but d’enquêter sur les menaces croissantes auxquelles sont confrontés ceux qui défendent l’État de droit dans un environnement de plus en plus hostile.

Ces attaques s’inscrivent dans un contexte plus large de répression étatique, notamment sous la présidence de Rodrigo Duterte et sa prétendue « guerre contre la drogue ». Alors que l’ancien président Duterte est actuellement détenu et en attente de procès devant la Cour pénale internationale, La Haye (siège de cette juridiction internationale), s’est imposée comme un lieu symbolique et pertinent pour la présentation des conclusions de la Caravane.

 

Conférence de presse

Le lancement de « Robes Noires, Cibles Rouges » a débuté par une présentation des membres de la Caravane Philippine, qui ont dressé un tableau alarmant d’un système judiciaire assiégé. « Les systèmes judiciaires ne peuvent fonctionner — et les démocraties ne peuvent survivre — lorsque ceux qui défendent la loi sont attaqués pour cela », a déclaré la coalition lors de l’événement.

Après la présentation des principales conclusions du rapport, la délégation de la Caravane a exposé un ensemble de recommandations urgentes. Celles-ci s’adressent non seulement aux institutions de l’État philippin, mais constituent également un appel plus large à l’action destiné à la communauté internationale, des barreaux et des acteurs de la société civile à travers le monde. Parmi elles figure la recommandation faite à l’État philippin d’adhérer à la Convention du Conseil de l’Europe pour la protection de la profession d’avocat.

 

De l’analyse juridique à l’expérience vécue

La séance s’est ensuite orientée vers les témoignages. L’avocate philippine en droits humains Maria Kristina Conti, secrétaire générale de l’Union Nationale des Avocats du Peuple et représentante de victimes devant la CPI, a partagé son témoignage personnel, décrivant le red-tagging, le harcèlement en ligne et les menaces qu’elle subit pour avoir défendu l’État de droit. Elle a été suivie par Clarissa Ramos, défenseure des droits humains et veuve de l’avocat assassiné Benjamin Ramos. Elle a livré un témoignage poignant sur sa lutte continue pour obtenir justice après l’assassinat de son mari, qui avait été étiqueté comme communiste. Ces récits ont donné un visage humain aux constats du rapport et mis en lumière l’extraordinaire résilience et bravoure des professionnels du droit aux Philippines aujourd’hui.

 

Principales conclusions et plaidoyer continu

Le rapport documente des dizaines de cas de harcèlement, de red-tagging et d’assassinats d’avocats, juges et procureurs, dont la majorité restent impunis. Lors de ses dix jours de mission intensive sur le terrain, la délégation a rencontré près de 100 personnes, y compris des professionnels du droit, journalistes, activistes et familles de victimes. Elle s’est également engagée auprès d’institutions de haut niveau telles que la Cour suprême, la Commission des droits de l’homme, ainsi que divers groupes de la société civile et universitaires.

Ce lancement ne marque pas la fin du travail de la Caravane Philippine — il représente une étape essentielle dans un processus en cours. Les conclusions du rapport serviront de base à la poursuite des efforts de plaidoyer pour obtenir justice, ainsi qu’à la mise en place de mesures de protection significatives pour les professionnels du droit aux Philippines.

Le travail de la mission se poursuit, en solidarité avec celles et ceux qui sont en première ligne dans la lutte pour les droits humains et l’État de droit.

Consultez le rapport complet ici.