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EGYPTE: Arrestation de l’avocate et militante des droits humains Mahienour El-Massry

 

Vendredi 20 septembre, des centaines de manifestants ont bravé, au Caire et dans d’autres villes du pays, l’interdiction de protester contre le pouvoir et exigé le départ du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui se trouve actuellement à New York pour les travaux de l’Assemblée générale de l’ONU.

Les rassemblements ont été rapidement dispersés par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et procédé à plusieurs arrestations. Des affrontements ont eu lieu dans la ville de Suez (est) entre forces de l’ordre et manifestants, qui ont protesté dans la nuit de samedi à dimanche 22 septembre pour la deuxième journée consécutive malgré l’interdiction.

L’ONG Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux a fait état de 356 arrestations depuis vendredi. Par ailleurs, NetBlocks, une organisation qui surveille le réseau internet, a rapporté dimanche sur Twitter des restrictions d’accès, notamment à la messagerie Facebook et au site de BBC News. L’Egypte vit sous état d’urgence et les mouvements de contestation y sont interdits en vertu d’une loi adoptée en 2013, après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, à la tête de laquelle se trouvait alors le général Sissi.

Le régime mène une répression sans merci contre l’opposition, emprisonnant des milliers d’islamistes, de militants ou encore de blogueurs.

L’avocate égyptienne et militante des droits humains Mahienour el-Massry a été arrêtée dimanche 22 septembre par la police au Caire après avoir assisté aux interrogatoires de manifestants.

« Mahienour a été arrêtée par la police à la sortie du siège du Parquet de la sûreté de l’Etat au Caire, où elle a assisté aux interrogatoires en tant qu’avocate de personnes arrêtées pendant les manifestations » a déclaré Me Tareq al-Oudi. Lauréate du prix Ludovic-Trarieux 2014, décerné chaque année à un avocat ayant illustré la défense du respect des droits humains et qui lui a été attribuée alors qu’elle purgeait une peine de prison pour « participation à une manifestation non autorisée », a été plusieurs fois détenue sous le régime du président déchu Hosni Moubarak et est l’une des figures du soulèvement qui a renversé celui-ci en 2011. Elle a été de nouveau condamnée sous le régime du président Mohamed Morsi.

D’autres avocats ont, eux aussi, été arrêtés : 

∙Maître Haysam Mohamadann a été arrêté pour son engagement dans le domaine des Droits de l’Homme.

∙Maître Ziad El Alimy a été arrêté pour avoir participé à des réunions en vue d’être candidat aux législatives égyptiennes.

∙Maître Mohamed Ramadan a été arrêté pour avoir porté un gilet jaune.

∙Maître Mohamed Hamdy Younès et Maître Ahmed Sarhan ont été enlevés et emmenés dans des lieux inconnus (disparition forcées), pour avoir exiger l’ouverture d’une enquête judiciaire, à la suite des révélations de corruption visant le président Sisi et ses généraux.

∙Maitre Aly Ayoub, défenseur de Maitre Marzouk, a lui aussi été arrêté ce dimanche, puis relâché le lendemain sans explication.

 

L’OIAD apporte son soutien à l’ensemble des avocats égyptiens arrêtés.

L’OIAD exhorte les autorités égyptiennes à abandonner les poursuites à leur encontre et à les laisser exercer librement leur profession d’avocat.

L’OIAD appelle les autorités égyptiennes à se conformer aux Principes de base relatifs au Rôle du Barreau des Nations Unies de 1990, et notamment :

  • « Les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats a) puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; (…) c) ne fassent pas l’objet, ni ne soient menacés de poursuites ou de sanctions économiques ou autres pour toutes mesures prises conformément à leurs obligations et normes professionnelles reconnues et à leur déontologie » (Principe n°16) ;
  • « Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités » (Principe n°17) ;
  • « Les avocats, comme tous les autres citoyens, doivent jouir de la liberté d’expression, de croyance, d’association et de réunion. En particulier, ils ont le droit de prendre part à des discussions publiques portant sur le droit, l’administration de la justice et la promotion et la protection des droits de l’homme (…) » (Principe n°23).