COLOMBIE : L’avocate spécialiste des droits humains María Alejandra Garzón Mora a subi de graves menaces, des cyber-attaques, des surveillances et des attaques verbales.
29 juin 2022
Maria Alejandra Garzón Mora est avocate spécialisée dans les droits humains et membre de « l’ Asociación Red de Defensores y Defensoras, DH Colombia ». DH Colombia vise à promouvoir, diffuser, protéger et défendre les droits humains et ceux des peuples. Il s’agit d’un groupe interdisciplinaire, qui assure la défense globale des victimes de violations des droits humains, à titre individuel ou collectif.
L’Observatoire a reçu des informations sur de nombreuses menaces de risque subis par l’avocate María Alejandra Garzón Mora de septembre 2020 à aujourd’hui, avec une fréquence plus élevée en 2021. L’avocate est victime d’attaques diverses : cyber-attaques, surveillance constante, ainsi que des attaques verbales. Les menaces reçues visent directement son travail en tant que représentante légale des victimes des manifestations qui ont eu lieu en Colombie dans le cadre de la grève nationale d’avril 2021.
L’avocate est victime d’un contrôle et d’une surveillance constante, tant par des policiers que par des inconnus à proximité de son domicile et de son bureau. En outre, María Alejandra subit des cyber-attaques, des pannes de télécommunications et l’interception d’appels avec des clients, des collègues et des membres de sa famille. Les incidents se produisent le plus souvent dans le cadre d’audiences où des dates déterminantes dans le cadre d’affaires dans lesquelles elle représente des intérêts en tant qu’avocate. Ces attaques constituent une violation grave du secret professionnel et entravent l’exercice libre et indépendant de la profession.
En raison de son haut niveau de risque et d’insécurité, Alejandra Garzón a commencé à bénéficier en mars 2021, du régime de protection accordé par l’Unité d’investigation et d’accusation (ci-après, UIA), une entité appartenant à la Juridiction spéciale pour la paix (JEP). Face à la décision de l’UIA de réduire les mesures de protection en février 2022, l’avocate a déposé une tutelle devant la JEP. L’arrêt tutelle SRT-ST-088/2022 du 16 mai reconnaît le risque extraordinaire subi par l’avocate et invite l’UIA à procéder à une réévaluation du statut de l’avocate dans un délai de deux mois. Jusqu’à la réalisation de la nouvelle évaluation des risques, les mesures de protection initialement adoptées seront maintenues.
L’Observatoire s’inquiète de ces actes d’intimidation qui mettent en danger la pratique libre et indépendante, de l’exercice de la profession d’avocat.
L’Observatoire condamne fermement les attaques subies par l’avocate María Alejandra Garzón Mora et appelle les autorités colombiennes à enquêter et à punir les auteurs avec toutes les diligences requises, sans impunité.
L’Observatoire appelle les autorités colombiennes à assurer la cessation de toutes les attaques contre l’avocate María Alejandra Garzón et les autres avocats des droits humains en Colombie.
Dans ce contexte, l’Observatoire rappelle que l’indépendance de la profession d’avocat est l’un des principaux indicateurs de la santé démocratique et de la consolidation de l’État de droit. Ceci est conforme aux dispositions des Principes des Nations Unies relatifs au rôle du barreau.
L’Observatoire international des avocats en danger appelle :
L’Unité d’investigation et d’accusation de la JEP et l’Unité de protection nationale à maintenir le régime actuel de protection individuelle de María Alejandra Garzón Mora et à accélérer l’octroi d’un régime collectif pour l’organisation DH Colombia avec des ressources immédiates et suffisantes pour renforcer les conditions de sécurité de son bureau.
Le Bureau du Procureur Général de Colombie à enquêter sur les circonstances, la manière, le moment et le lieu où les menaces ont été proférées et de permettre d’élucider et de punir les responsables.