L’OIAD nomine l’avocat américain Steven Donziger

L’OIAD nomine l’avocat américain Steven Donziger

L’OIAD nomine l’avocat américain Steven Donziger pour le prix des droits de l’homme de l’International Bar Association.

 

L’OIAD, qui rassemble une quarantaine de barreaux à travers la France, l’Italie, l’Espagne, la Suisse, la Belgique, l’Allemagne, le Cameroun et la Turquie, a décidé de porter la voix de l’avocat Steven Donziger en proposant sa candidature au Prix des droits de l’Homme de l’International Bar Association Human Rights Institute (IBAHRI).

Ce prix est décerné chaque année à un avocat qui, par ses efforts personnels dans le cadre de son travail, est considéré comme ayant apporté une contribution exceptionnelle à la promotion, la protection et l’avancement des droits de l’homme. En 2019, deux avocats de Hong Kong, Margaret Ng Ngoi-yee et Martin Lee, ont été récompensés pour avoir défendu toute leur vie la liberté, la démocratie et l’État de droit.

 

Steven Donziger

Steven Donziger est un avocat, écrivain, ancien journaliste et défenseur de l’environnement américain, actuellement connu pour avoir mené une bataille juridique acharnée contre la société Chevron en raison de sa contamination de la forêt tropicale équatorienne.

Entre les années 1964 et 1990, la compagnie pétrolière Texaco, rachetée par Chevron en 2000, a pollué la forêt amazonienne équatorienne. Jusqu’à 16 milliards de gallons d’eaux usées toxiques et plus de 17 millions de gallons de pétrole brut ont été déversés dans la forêt. Cette pollution a causé de nombreux problèmes, notamment des problèmes de santé chez les peuples autochtones et les communautés qui vivent dans la forêt.

Steven Donziger rejoint l’équipe afin d’obtenir justice et réparation pour la pollution délibérée de l’environnement amazonien. Après de nombreuses années de litige, en 2011, Steven Donziger et son équipe remportent la bataille et Chevron est déclaré coupable. La Cour ordonne à Chevron de payer 19 milliards de dollars pour nettoyer, condamnation finalement réduite à 9,5 milliards de dollars en 2013 par la Cour suprême équatorienne.

Chevron s’est depuis lancé dans une véritable entreprise de représailles contre les plaignants initiaux et leurs avocats. Elle a employé au moins 2000 professionnels du droit et enquêteurs, afin de bloquer l’exécution du jugement.

Steven Donziger a quant à lui été attaqué devant les tribunaux étasuniens pour fraude et corruption dans le cadre du procès équatorien. En 2014, le juge Kaplan a donné raison à Chevron et condamné Steven Donziger, estimant que le jugement équatorien (pourtant confirmé par la Cour suprême équatorienne) était entaché de fraude et de corruption. Le témoin clé de ce procès, un juge équatorien a pourtant admis sous serment qu’il avait été acheté par Chevron et qu’il avait donc menti dans son témoignage.

Steven Donziger a refusé de se conformer à l’ordonnance sans précédent du juge qui aurait permis à Chevron d’accéder aux communications confidentielles de Donziger avec ses clients sur son ordinateur et son téléphone. Le juge Kaplan l’a alors condamné pour outrage civil et a désigné un cabinet d’avocats privé (Seward & Kissel) pour poursuivre Donziger au pénal.

Le juge Kaplan et le cabinet d’avocats qu’il a désigné sont connus pour avoir des liens avec Chevron.

Chevron assume une stratégie de « diabolisation » de l’avocat et a notamment obtenu en 2018 la révocation de sa licence d’avocat dans plusieurs États américains. L’avocat a d’ailleurs saisi la Commission interaméricaine des droits de l’homme (requête) en septembre 2018.

Depuis le mois d’août 2019, Steven Donziger est assigné à résidence. C’est la plus longue peine jamais infligée à un avocat new-yorkais pour outrage. Il a maintenant passé plus de temps en détention préventive que s’il avait été condamné à la peine maximale.

Comme l’a annoncé le président de l’IBA, « La profession juridique doit être prête à jouer un rôle de premier plan dans la crise climatique« . Pour qu’ils puissent exercer pleinement leur travail dans ce type d’affaire emblématique de défense de l’environnement, les représailles des multinationales contre les avocats des droits de l’homme doivent impérativement cesser. Soutenir Steven Donziger, c’est encourager les avocats à se saisir d’affaires sensibles de violations environnementales et de violations des droits des peuples indigènes. C’est aussi envoyer un signal fort que les multinationales ne peuvent pas impunément attaquer les avocats des droits de l’Homme qui font leur travail, en violation des règles du procès équitable et de l’État de droit.