ALERTE 27/04/2023
ALERTE 06/12/2019
Colombie : l’Observatoire condamne les nouvelles menaces de mort à l’encontre de l’avocat Adil Meléndez pour avoir défendu des communautés affectées par des violations des droits humains et de l’environnement
27 avril 2023
Adil José Meléndez Márquez représente des victimes d’expropriation foncière et des familles de personnes tuées par les forces paramilitaires dans la région des Caraïbes de la Colombie. L’avocat Meléndez Márquez plaide contre les multinationales qui menacent la vie des communautés paysannes, étant le principal avocat de ceux qui s’opposent au mégaprojet Canal del Dique, dont la mise en œuvre impliquerait une grave détérioration de l’environnement qui affecterait directement la vie des communautés paysannes dans la région de Cartagena de Indias.
Le mardi 10 avril 2023, l’avocat a reçu sur son téléphone un message signé par le groupe paramilitaire « autodefensas Gaitanistas de Colombia », également connu sous le nom de Clan del Golfo, dans lequel il était menacé de mort parce qu’il défendait les victimes dans la région de Cartagena et ses environs. Après avoir déposé plainte aux autorités policières, dix autres personnes ont reçu des menaces similaires le même jour, dont des leaders sociaux, des journalistes et des pré-candidats à la mairie de Cartagena de Indias.
L’Observatoire condamne fermement ces nouvelles menaces à l’encontre de l’avocat Adil José Meléndez Márquez et rappelle qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé. La dernière menace de mort qu’il a reçue, pour s’être opposé au Canal del Dique, il y a seulement quelques mois (17 août 2022), lui a été envoyée ainsi qu’à deux autres confrères, accompagnée d’une couronne mortuaire[1] .
L’Observatoire est préoccupé par ces actes d’intimidation qui mettent en péril l’exercice libre et indépendant du droit, ainsi que l’accès effectif à la justice des victimes qu’il représente.
L’Observatoire appelle les autorités colombiennes à garantir la sécurité d’Adil José Meléndez Vázquez et à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour garantir son intégrité physique et son droit à exercer sa profession sans pression.
L‘Observatoire appelle les autorités colombiennes à enquêter et à punir les auteurs de ces menaces avec toute la diligence requise, sans impunité.
Dans ce contexte, l’Observatoire rappelle que l’indépendance de la profession d’avocat est l’un des principaux indicateurs de la santé démocratique et de la consolidation de l’Etat de droit. Ceci est conforme aux dispositions des Principes des Nations Unies relatifs au rôle du barreau.
Par conséquent, conformément aux dispositions des Principes des Nations Unies relatifs au rôle du barreau, en particulier les principes 16, 17 et 18 qui stipulent ce qui suit :
Principe 16 : « Les gouvernements doivent veiller à ce que les avocats (a) puissent exercer toutes leurs fonctions professionnelles sans subir d’intimidation, d’entrave, de harcèlement ou d’ingérence indue ; ».
Principe 17 : » Lorsque la sécurité des avocats est menacée du fait de l’exercice de leurs fonctions, ils doivent recevoir une protection adéquate de la part des autorités « .
Principe 18 : » Les avocats ne doivent pas être identifiés à leurs clients ou aux causes de leurs clients du fait de l’exercice de leurs fonctions.
[1] Des leaders sociaux de Cartagena menacés pour avoir remis en question le projet du Canal del Dique (semana.com)
COLOMBIE: Adil Meléndez Márquez, avocat des droits de l’Homme menacé
6 décembre 2019
Le 6 décembre 2019, Adil Meléndez a été menacé par un appel téléphonique et a déposé une plainte auprès des autorités compétentes. M. Meléndez est convaincu que cette menace est directement liée à son travail d’avocat, en tant que défenseur d’auteurs présumés de violations des droits de l’Homme qui ont exprimé leur volonté de comparaître devant la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) et de dire la vérité.
Ces menaces non seulement entravent la capacité de M. Meléndez à exercer librement sa profession d’avocat, mais aussi la réalisation du droit d’accès à la justice et du droit des victimes à la vérité, à la justice, à la réparation et à la non-répétition, qui sont les piliers sur lesquels repose le système de justice transitionnelle colombien.
En outre, le régime de protection de M. Meléndez n’a pas été suffisamment adapté pour répondre à la situation de risque actuelle. En mars 2019, plusieurs organisations, dont l’Observatoire international des avocats en danger, ont fait part aux autorités colombiennes de leur préoccupation concernant la révocation en décembre 2018 du véhicule blindé que lui avait fourni l’Unité nationale de protection (UNP) et son remplacement par une voiture ordinaire. À ce jour, nous ne savons pas si le régime de protection en faveur de M. Meléndez a été renforcé pour assurer sa sécurité et s’il est adapté à un niveau de risque élevé.
Nous notons également qu’en raison de ce niveau de risque élevé, M. Meléndez a dû demander le soutien financier de l’organisation Front Line Defenders pour mettre en place des mesures de protection supplémentaires à son domicile et à son bureau.
Certaines des organisations signataires travaillent en étroite collaboration avec M. Meléndez et l’ont rencontré à plusieurs reprises, comme lors de la dernière visite de M. Meléndez en Europe en décembre 2019. Leur travail est essentiel pour promouvoir la justice et protéger les droits de l’Homme en Colombie, en particulier dans la région des Caraïbes.
En 2006, la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) a accordé à M. Meléndez des mesures de précaution, demandant à son tour au gouvernement colombien de prendre les mesures nécessaires pour protéger son intégrité physique et lui permettre de mener à bien son travail. Nous supposons que la CIDH continue de surveiller sa sécurité.
L’OIAD condamne fermement les menaces contre l’avocat Adil Meléndez Márquez.
L’OIAD encourage les autorités colombiennes à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour assurer la vie et le travail de cet avocat, en révisant et en renouvelant son régime de protection.
L’OIAD apporte son plein soutien à tous les avocats colombiens des droits de l’Homme qui mettent leur vie en danger pour l’exercice légitime de leur profession.
L’OIAD rappelle aux autorités colombiennes les Principes de base des Nations Unies sur le rôle du barreau de 1990, qui stipulent que « Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés de manière adéquate par les autorités » (principe n° 17).