Sofía López Mera

Colombie

COLOMBIE : Harcèlement et surveillance de l’avocate Sofía López Mera

21 mars 2025

 L’Observatoire condamne le harcèlement subi par l’avocate Sofía López Mera sur les réseaux sociaux pour avoir défendu la communauté indigène pubenense de San José de Julumito.

L’Observatoire condamne également la surveillance persistante de l’avocate en raison de sa représentation du mouvement national des mères et des femmes pour la paix. 

Sofía López Mera est avocate et l’une des coordinatrices de la Corporación Justicia y Dignidad (CJD) spécialisée dans la représentation et l’accompagnement des victimes de violations des droits humains en Colombie.

Depuis juin 2023, l’avocat représente les intérêts de la communauté indigène de San José de Julumito, qui se trouve dans une situation critique aux mains de l’entreprise immobilière Asoinca-Provitec dans la ville de Popayán. Ce conglomérat a dépossédé la communauté et s’est approprié des centaines d’hectares de terres rurales, menant à bien un processus d’embourgeoisement rural qui a dévasté la population paysanne et indigène, générant de brusques changements culturels et environnementaux.

Sofía López Mera, avocate spécialisée dans les droits humains, ainsi que des dirigeants de la communauté Pubenense, ont été harcelés à plusieurs reprises par l’entreprise Asoinca Provitec sur les réseaux sociaux pour avoir défendu les droits de la communauté. L’avocate dénonce également la surveillance exercée par les forces de sécurité de l’entreprise jusqu’à l’école où étudie son fils.

Elle représente également le « Movimiento Nacional de Madres y Mujeres por la Paz » (Mouvement national des mères et des femmes pour la paix), qui dénonce le recrutement forcé d’enfants et d’adolescents devant les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies à New York. Sofía López Mera a recueilli des informations sur le recrutement forcé de mineurs dans les départements de Cauca, Nariño et Valle del Cauca, systématisant environ 200 cas dans le sud-ouest de la Colombie depuis 2023. Ce travail a conduit à une augmentation significative du nombre de surveillances, de filatures et de menaces à l’encontre de l’avocat par les groupes armés illégaux opérant dans la région.

Le dernier incident en date s’est produit en janvier dernier, lorsque des membres de la structure dissidente des FARC « Jaime Martínez » ont arrêté son garde du corps, lui demandant d’informer son protégé qu’il « devait cesser de travailler maintenant » et qu’ils voulaient qu’ils retirent les mesures de précaution dont bénéficiaient les mineurs qu’ils avaient tenté de recruter.

L’Observatoire international des avocats en danger est préoccupé par la sécurité de l’avocate Sofia López Mera. En effet, il ne s’agit pas de la première fois qu’elle ou des membres du CJD sont victimes de menaces et de harcèlement pour avoir exercé leur profession, comme le montre le rapport de la VIIe Caravane internationale de juristes à laquelle l’OIAD a participé. Elle a bénéficié de mesures de protection au niveau national qui, selon elle, ne répondent pas à ses besoins.

L’OIAD condamne fermement le harcèlement de l’avocate Sofía López Mera en raison de sa profession.

L’OIAD demande instamment aux autorités colombiennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et l’intégrité physique et psychologique de l’avocate Sofía López Mera.

L’OIAD demande instamment aux autorités colombiennes de veiller au respect des principes de base des Nations unies relatifs au rôle du barreau, en particulier les principes 16 et 17 :

« Les pouvoirs publics veillent à ce que les avocats a) puissent s’acquitter de toutes leurs fonctions professionnelles sans entrave, intimidation, harcèlement ni ingérence indue; b) puissent voyager et consulter leurs clients librement, dans le pays comme à l’étranger; (…). » (Principe 16)

« Lorsque la sécurité des avocats est menacée dans l’exercice de leurs fonctions, ils doivent être protégés comme il convient par les autorités. » (Principe 17)

 

Standort